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Archéologie et patrimoines de la forêt de Ramondens , Arfons.

Ce premier semestre a été l'occasion de formaliser nos relations avec le Comité Départemental d'Archéologie du Tarn, qui est devenu porteur de notre projet de sauvegarde des bornages et des divers patrimoines archéologiques et historiques de la forêt de Ramondens.

Plusieurs rencontres très importantes aurons lieu à Arfons au cour du mois de juin avec les services d'archéologie régionaux, départementaux, les services institutionnels et communaux, l'ONF , le Parc Régional du Haut -Languedoc ainsi que les divers propriétaires limitrophes de la forêt.

Un important mémoire de référence, servant de support a tous et à nos futurs travaux est en phase d'édition, il sera fini d'imprimer et à notre disposition début juin.

Un autre important projet est en route: la réalisation d'un film (DVD) relatant l'histoire de Ramondens qui devrait être tourné au cours de l'été qui vient.

 Compte rendu concernant les mises en protection des patrimoines de Ramondens, 6/03/2019

Depuis notre entrevue commune avec Mr Chalard, notre association a poursuivi les rencontres et les discussions avec les divers acteurs de «  l'Archéologie tarnaise » pour aboutir à un dernier rendez-vous avec Jeannie Cadeilhan       ( coordinatrice du comité départemental d'archéologie du Tarn) qui a eu lieu le mardi 5/03 /2019 à Arfons .

Cette journée de travail avait pour but de synthétiser et de planifier le déroulement futur de nos actions communes avec les divers comités départementaux et régionaux.
En voici un résumé détaillé.

Elle découle de plusieurs rencontres et échanges de courriels dont voici les grandes lignes concernant la définition et la chronologie du projet  :

Son objet :
1. Présentation des travaux de recherche autour des bornages périphériques et intérieurs de la Forêt de Ramondens mais aussi de l'ensemble des patrimoines, rigole, rigole d'essai, et des études concernant l'exploitation de celle-ci au cours des siècles.
2. Présentation des problématiques de mise en protection du patrimoine
3. Présentation des attentes
4. Recherche d'un porteur du projet , déjà désigné à ce jour et qui sera le Comité d'Archéologie du Tarn. (CDAT).

Le contexte :
L’association Ora-Fontium est créée en 2013. Elle a pour objet l’étude et la protection du patrimoine d’Arfons.
Parmi les différents axes de recherche, les bornages de la forêt de Ramondens constituent un riche dossier historique et patrimonial aujourd’hui bien documenté par les membres de l’association.
1. Un inventaire des bornes (avec dossier photographique et localisation, identification des propriétaires)
2. Une riche documentation archivistique bien exploitée
3. Deux publications
Depuis plusieurs années, l’association interpelle les institutions, collectivités et acteurs locaux pour mettre en œuvre des mesures de protection et de valorisation mais ne trouve aucun moyen financier .L’association n'en dispose d’aucun .
En revanche, elle est détentrice d’une masse de connaissance (archives, terrains, etc.) et d’une force de travail rédactionnelle. Elle cherche un maître d’œuvre pour rédiger et porter un projet de protection et de valorisation. Un échange avec le service archéologique de la DRAC a abouti la proposition de solliciter et de désigner le CDAT.

La problématique :
Protection du patrimoine et diffusion de la connaissance
Au-delà de leur intérêt historique, les bornes médiévales et modernes de la forêt de Ramondens sont peu voir pas connues des usagers et du public en général. On en dénombre pourtant plus de 500 !! ; La méconnaissance de ce patrimoine est un grand facteur de risque. Implantées en bordure et au cœur d’un massif forestier en pleine exploitation, ces bornes son régulièrement menacées par les travaux d’exploitation forestière, comme est aussi menacée la rigole d'essai (1665).
Les perspectives :
En convention avec la DRAC et le département et en étroite collaboration avec les membres de l’association ORA-Fontium, le CDAT sera chargé de la rédaction, de la planification et de la mise en œuvre d’un projet global sur 3 ou 4 ans, comprenant
1. Une prospection inventaire pluriannuelle. La réalisation d’une prospection thématique menée sur trois ans s’inscrit dans un projet global comprenant trois volets :Inventaire, documentation et cartographie des bornes (fiches individuelles de documentation et enregistrement)
2. Un diagnostic sanitaire des monuments, et mise en place des moyens conservatoires
3. Une action de sensibilisation auprès des propriétaires
4. La mise en place d’un conseil de cogestion de ce patrimoine (propriétaires et exploitant -dont ONF-, les acteurs locaux –Unesco, parc régional, DRAC, région, département, collectivités locales) destiné à préfigurer des mesures conservatoires (prélèvement, zone de sécurité, suivi, charte, …)
5. Rédaction et mise en œuvre d’un projet de valorisation (centre d’interprétation, parcours découverte, sentier de randonnée, exposition, publication grand public, …).
A cours terme :
Construire des propositions avec Didier Delhoume conservateur régional de l'Archéologie, Pierre Chalard (SRA-SRAc Occitanie) et Carine Laborie (conservation départementale du Tarn) pour la programmation 2019-2021.
Présenter une demande d’autorisation de prospection inventaire ayant pour objet la production de fiches individuelles pour chacune des bornes complété de champ relatif au diagnostic sanitaire (soit 78 bornes aujourd’hui reconnues sur le pourtour de la Forêt, et plus de 350 au cœur de la forêt).

Méthodologie pour 2019 et début 2020.
- diagnostic sanitaire et cartographie des bornes ( fait par Ora fontium en février 2019)
constitution du fonds documentaire et iconographique et édition d'un nouvel « Inventaire » regroupant nos nouvelles connaissances et intégrant les 78 fiches sanitaires recto-verso pour un document de 280 pages couleurs environ. (à faire avant début juin 2019)
Constitution d'un comité de pilotage pour la protection et la valorisation de ce patrimoine avec sans doute un RDV avec tous les intervenants institutionnels , associatif et privés avant l'été .

PROBLEMATIQUE SCIENTIFIQUE DU PROJET DE PROSPECTION THEMATIQUE SUR LES PATRIMOINES DE LA FORET DE RAMONDENS, ARFONS, TARN

Le territoire de la forêt de Ramondens qui fait partie de la commune d'Arfons (Tarn) se trouve dans la zone sommitale de la Montagne Noire où il forme une excroissance triangulaire du département du Tarn sur le bassin versant méditerranéen. Limité au nord-ouest par la ligne de partage des eaux et vers l'est par le cours de l'Alzeau, la forêt de Ramondens couvre les bassins supérieurs du Lampy et de la Bernassonne vers le Sud-Ouest sur plus de 2000 hectares.

L'archéologie de cette zone forestière est très mal connue et a subi quelques atteintes irrémédiables, notamment la destruction de La Fonde sur l'Alzeau (fonderie et forge médiévale attestée par les textes) lors de la mise en eau du barrage de la Galaube et plus récemment destruction d'un bornage interne du XIXeme siècle lors de l'implantation des voies du parc éolien d'Arfons.

Le patrimoine archéologique et historique ou monumental connu se résume à la « grange ancienne » et à l'actuel Château de Ramondens amplement remanié au XIXeme, à la Prise d'Alzeau et à la rigole de Montagne précédée par la rigole d'essai (classées au patrimoine mondial de l'Unesco dans le cadre de celui du Canal du Midi). Plusieurs systèmes de bornages forestiers périphériques ou internes ont été récemment identifiés et inventoriés par des membres de l'association Ora Fontium et reliés à de nombreux documents d'archives, plans et cartes anciennes qui ont permis de les interpréter et de les dater. Cette forêt appartenait au début du XIIIe siècle à de nombreux petits propriétaires, petits seigneurs locaux et notables laïcs. L’arrivée dans la région de Dominique de Gusman vers 1207 et la croisade contre les albigeois menée par Simon de Montfort ont changé la donne. Le monastère de Prouilhe créé après 1207 a bénéficié largement des donations faites par les seigneurs du Nord et ensuite ceux de la région. Il s'est créé ainsi un important patrimoine foncier à l’aube du XIVème siècle. Ramondens représente un exemple parfait de la constitution d’un espace forestier complémentaire des granges de plaine que possédait déjà le monastère. Entre 1256 et 1298, les différentes parties de la forêt ont été regroupées pour former une superficie de plus de 1700 hectares. Il fallut mettre cet espace en « défens », dès la fin du XIIIème siècle car des conflits de voisinage naquirent entre les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem fondateurs de la sauveté d’Arfons (1150 ) et le monastère de Prouilhe, des bornages blasonnés furent posés sur leur limites communes (chartes de 1290 – ADHG, de 1320- ADA). Il existe aussi plusieurs autres bornages, témoins de cette longue présence, qualifiée d’espace rare dans notre pays, où très peu de forêts ont conservé ces marquages de limites de propriété, et encore plus rarement d’une telle profondeur chronologique. Les principales autres séries de bornes gravées sont : les bodulaires avec la seigneurie de Saissac, vers 1520 ; avec les Chartreux d’Escoussens vers 1536 et d’autres plus récents : délimitations entre les Eaux et forêts et des particuliers, 1837, bornage de l’espace rural de Ramondens pour délimiter une sénatorerie promise à J.-N. Desmeuniers, bornage de la rigole de la Montagne Noire et divers bornages internes mis en place durant tout le XIXème siècle.

Ces systèmes ont été pour la plupart inventoriés, photographiés et positionnés sur cartes IGN et au GPS et ils ont donné lieu à deux publications : J.-M. Doudiès (2013) « Arfons et Ramondens : des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem aux dominicaines de Prouilhe » et Ora fontium « Inventaire des bornes périmétrales et intérieures de Ramondens » ( avec relevés des points GPS de chaque borne). Il est vite apparu au cours de ces enquêtes de terrain que de nombreuses bornes remarquables se trouvaient au sein de forêts en cours d'exploitation par de grosses machines qui les détruisent faute de pouvoir les reconnaître ou les éviter, c'est la raison pour laquelle un projet de prévention et de valorisation a paru nécessaire. L'objectif du projet de prospections thématique présenté par le CDAT en partenariat avec Ora Fontium est de reprendre et de formaliser cet inventaire sous forme de fiches individuelles de chaque borne faisant en quelque sorte office de déclaration de vestige archéologique et contenant précisément les informations nécessaires à leur protection ou à leur gestion en vue de future valorisation : localisation cadastrale, coordonnées des propriétaires, données intrinsèques sur la roche, les mensurations, les gravures ou reliefs sculptés, l'état sanitaire, La qualité de l'environnement proche et la nature des menaces éventuelles les concernant. Le rapport qui en résultera sera une base pour d'abord prévenir les propriétaires gestionnaires et ayant droit de la présence et de la localisation de ces monuments puis dans un second temps de la mise en place d'un mode de valorisation adapté en partenariat avec divers organismes (municipalité, parc naturel régional, Eaux et forêt, VNF, etc...)

Les prospections de terrain viseront aussi à localiser tout autre site bâti ou vestige d'autres époques pouvant être en mis en relation avec le patrimoine existant ou avec les riches sources historiques disponibles et pour la plupart déjà dépouillées par les membres d'Ora Fontium (notamment verreries et sites métallurgiques, forges ). L'exploitation des résultats de cette opération pourra être faite dans plusieurs optiques de valorisation : sentier découverte, panneaux pédagogiques, espace d'exposition, plaquette du genre guide archéologique du Tarn.Il serait alors possible de passer convention avec l'Université pour effectuer une prospection LIDAR et engager des études de prospection diachroniques pour mieux comprendre cet écosystème.

Fait à Arfons le 06/03/2019 : JMD